Chronique de la novella de Jérôme Vialleton : Pronostics
Un personnage dos au mur, une solution providentielle… et une addiction qui vient compliquer ce qui pourrait pourtant s’avérer si simple ! La tension ne faiblit pas au long de cette novella qui se lit d’une traite.
Seul souci, une grosse incohérence, pourtant aisément évitable, qui vient mettre à mal la suspension consentie d’incrédulité et gâcher la lecture.
La novella
Genre : thriller
Autoédition
Disponible en version numérique
Résumé
« Je vais me refaire ». C’est un refrain que chante souvent Henri quand il perd au jeu. Sans ressource, endetté auprès de personnes qui ne plaisantent pas, Henri cherche désespérément un moyen d’échapper à ses créanciers.
La chance lui revient sous la forme inattendue d’un accident vasculaire cérébral. Celui qui foudroie son frère, Eddie.
Réfugié dans sa petite chambre d’hôpital, Henri fait une découverte stupéfiante : depuis les profondeurs de l’inconscience, son frère lui donne des aperçus du futur. Un avantage considérable pour un joueur professionnel.
Partagé entre l’appel du jeu et l’envie de reconstruire sa vie, Henri va devoir décider quoi faire de cette seconde chance. Lui suffira-t-elle pour échapper à ses erreurs passées ?
Mon avis
La novella démarre sur les chapeaux de roue, on est tout de suite plongé dans le vif du sujet. Dès le premier chapitre, le personnage du héros, si on peut le désigner ainsi, occupe toute la place sur le papier. Au fil de l’intrigue, on a tour à tour envie de le mépriser, de le détester, de le prendre en pitié… On le trouve rarement sympathique, et pourtant, on s’avère quand même curieux de savoir ce qu’il va devenir. Par voyeurisme malsain ? Pour se rassurer en voulant croire qu’il n’est pas possible, même pour quelqu’un comme lui, de faire toujours les pires choix ? Ou tout bonnement, peut-être, grâce à l’habileté de l’auteur, qui parvient à maintenir le rythme d’un bout à l’autre de sa novella ? En tout cas, cela fonctionne à la perfection.
Ce que j’ai aimé
Le personnage d’Henri. Enfin, non : je ne peux pas dire que j’ai aimé le personnage d’Henri. J’ai en revanche aimé la façon dont il est dépeint, qui le rend terriblement humain, avec cette recherche du plaisir immédiat qui pour lui prime sur tout le reste, malgré ce que lui murmure sa raison, malgré la conscience qu’il a des conséquences qui l’attendent s’il succombe à son addiction.
La tension. L’écriture est efficace, les scènes s’enchaînent sans temps mort, rien ne semble inutile, l’effet page turner est une véritable réussite.
La fin : l’idée est maligne et le clin d’œil plaisant. Je n’en dis pas plus ! 😁
Ce que j’ai moins apprécié
La crédibilité de la conclusion, par rapport à ce qu’on connaît du caractère d’Henri. Attention, ce qui suit contient des spoils. 👉 Qu’Henri fasse tout son possible pour sauver Lætitia, pourquoi pas. Qu’il soit ensuite effondré en apprenant qu’il est trop tard, OK. Après tout, la culpabilité est un sentiment puissant et peut bien-sûr expliquer ces réactions. Cependant, qu’il veuille, je cite, “ être avec elle pour le temps qui leur restait ” ? Alors qu’ils n’ont partagé qu’une soirée ? De la part de quelqu’un qui ne venait auprès de son frère étendu dans son lit de réanimation que pour s’y cacher des sbires de Monsieur Marcel, désolée, cela me laisse quelque peu dubitative… Dommage. 👈
Enfin, le principal point faible de cette novella porte selon moi sur les incohérences et en particulier celle, flagrante, qui survient au pire moment, en plein climax, et qui a eu pour effet de totalement me sortir de l’intrigue. Attention, ce qui suit contient des spoils. 👉 Alors, déjà, que l’on puisse entrer dans une chambre de réanimation (car c’est bien là que se trouve Eddie, comme toute personne en état de mort cérébrale) comme dans un moulin, c’est très peu crédible. Les lits de réanimation, ou même de soins intensifs, sont très surveillés, tout bonnement parce que c’est vital pour les patients qui s’y trouvent. Il y a toujours du personnel médical à proximité. Donc les allées et venues d’Henri dans la chambre de son frère m’ont un peu fait tiquer. Mais le ponpon, c’est quand il revient le voir pour tenter de sauver Lætitia. Bien-sûr, on s’attend à ce qu’Henri déchante. C’est ce qui lui pend au nez depuis le début, et puis si ça ne suffisait pas, même le lecteur qui manque cruellement d’intuition a vu les parents arriver à l’hôpital quelques pages plus tôt. Mais franchement, le trouver encore dans la même chambre, et débranché ??? Pardon pour la violence du commentaire, mais c’est juste n’importe quoi : on ne prélève pas les organes après avoir débranché ce qui les maintient en état de fonctionner ! Le prélèvement se fait au bloc opératoire, avec le donneur encore branché : on tient quand même à récupérer des organes dans le meilleur état possible… Et s’il a déjà été prélevé, il n’est pas renvoyé ensuite en réanimation : les lits disponibles y sont une denrée rare, ce n’est pas pour y mettre des patients pour lesquels on ne peut plus rien ! Donc il ne peut pas se trouver dans la même chambre. Bref, c’est vraiment LE détail qui m’a gâché la novella. Alors que l’auteur aurait facilement pu écrire une scène quasi identique, sans cette incohérence grossière… 👈
Au bilan
Le personnage principal est réussi, pitoyable à souhait. La tension est très bien maîtrisée, on n’a pas envie de refermer le livre avant sa conclusion. On peut vraiment regretter que la grosse incohérence finale vienne gâcher l’impression générale.
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