Chronique du roman d’Erin Kelly : Par omission

Un thriller psychologique sur fond d’éclipses solaires, dans lequel on ne sait pas à qui se fier.

Le roman

Genre : thriller

Éditions Hauteville
Disponible en versions brochée, numérique et audio

Résumé

Ne restez pas dans le noir
Au cours d’une éclipse totale de soleil, un jeune couple voit sa vie bouleversée : témoins d’un viol, Laura et Kit ont décidé de témoigner. Quitte à mentir par omission pour être sûrs que l’agresseur de Beth finira en prison. Mais Beth, rejetée par tous, s’est peu à peu immiscée dans leur existence. Et son agresseur, depuis quinze ans, crie vengeance.
Terrifiés, Laura et Kit ont déménagé, changé de nom. Aujourd’hui, Laura est enceinte de jumeaux. Quand Kit, en bon chasseur d’éclipse, s’absente pour les îles Féroé, elle sombre dans l’angoisse. Elle sait qu’elle a eu raison de témoigner au procès. Mais elle n’est pas la seule à avoir menti. Quelque chose lui a échappé. Une chose qu’elle n’aurait jamais pu deviner et qui, aujourd’hui, menace de tout faire s’effondrer.
Classé parmi les dix meilleures ventes de l’année en Angleterre, Par omission explore avec une extrême finesse les limites auxquelles nous sommes prêts pour protéger nos mensonges. En jouant habilement des nuances, Erin Kelly oppose la parole d’un homme et d’une femme sur le point de devenir parents, obsédés par la perfection, la justice et la transparence. Elle met en évidence cette zone floue, faite de lâchetés et de renoncements, où se faufilent les criminels et où se distille le poison.

couverture du roman Par omission

Mon avis

« Tout le monde ment. » Oui, j’avais envie de commencer ma chronique par cette réplique qu’affectionne tant le Dr House dans la série TV éponyme : je trouve qu’elle colle parfaitement à ce roman !

La construction du récit est lente, l’autrice prend son temps à nous laisser patauger dans le flou, entre suggestions et non-dits, mais la tension est pourtant bien présente dès le début.

On sait qu’il s’est passé quelque chose, quelque chose d’horrible, mais on ne sait pas quoi. On sait qu’on doit craindre quelqu’un, mais on ne sait pas vraiment qui, ni surtout pourquoi.

On se trouve parfois dans la peau de Laura, parfois dans celle de Kit, et on se sent aussi mal dans l’une que dans l’autre.

Et au fil des pages, le malaise et la tension montent, crescendo… Difficile de lâcher le roman, surtout une fois dépassé le milieu.

C’est terriblement efficace, et pourtant, j’ai ressenti une impression étrange pendant environ la première moitié du livre. Une espèce de dissonance entre l’inquiétude que j’éprouvais vis à vis de ce qui pouvait advenir, et une quasi indifférence à l’égard des personnages. Parce que, oui, dans ce roman, « tout le monde ment. » Et j’ai trouvé que leurs mensonges, et les compromissions auxquelles ils se livrent pour les protéger, rendaient tous les personnages antipathiques, ce qui m’a empêchée de m’attacher à eux.

Puis, à partir du milieu du roman environ, des choses se révèlent et mon indifférence à l’égard de certains personnages s’est transformée en une sorte de dégoût fasciné. Je n’en dis pas davantage pour ne pas spoiler, mais la manière dont l’autrice fait évoluer notre perception des personnages et des événements entre le début et la fin du roman est particulièrement réussie. Cela donne d’ailleurs envie de relire le début, quand on arrive à la fin !

Quelques extraits

Un mur de nuit avançait vers nous depuis l’Atlantique, un rideau noir tiré en travers du ciel. Je haletai comme si j’étais en train de tomber. Un étourneau solitaire entama un chant frénétique dans un arbre et la musique s’égosilla. Au temps pour moi, qui m’étais attendue à un silence révérencieux.

Le mélange dérangeant de compassion et de peur est de retour, plus fort que jamais. Et, avec lui, les flashbacks habituels, un film en accéléré depuis le moment où nous avons rencontré Beth jusqu’à la dernière fois où nous l’avons vue : le champ plongé dans la pénombre en plein jour, la salle d’audience, l’étrangère dans notre appartement, la silhouette dans le nuage de poussière, l’image mouvante sur un écran d’ordinateur.

J’attends depuis si longtemps que je ne suis plus prêt.

Derrière nous, un haut viaduc de l’époque victorienne passait son immense bras protecteur au-dessus de la vallée. En dessous se nichait la modeste cathédrale, entourée de tous côtés par le genre de toitures rouges que le Père Noël survole à bord de son traîneau. La cour d’assises était perchée au sommet d’une colline vertigineuse, avec une terrasse de petits cottages aux couleurs pastel qui semblaient sur le point de glisser le long de la pente pour atterrir dans la rivière Kenywn, laquelle gargouillait en contrebas avant un mini-barrage.

L’instinct, quelque part entre le sororal et le maternel, se matérialisa en moi sous la forme d’une chaleur qui se répandit depuis mon cœur jusqu’au reste de mon corps. Un truc tellement spontané que je n’eus pas l’impression de prendre une décision, et encore moins de la mettre en application.

Au bilan

Une tension bien maîtrisée, des narrateurs non fiables : un thriller qui brouille les pistes et embrouille le lecteur avec talent.



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