Chronique du roman d’Emma Seguès : La cage

Un roman qui démarre par un huis-clos, avant d’emmener le lecteur… ailleurs ! Un vrai page-turner, avec une héroïne à la psychologie bien travaillée.

Le roman

Genre : thriller, young-adult

Éditions Auzou
Disponible en versions brochée, numérique et audio

Résumé

Eléa ouvre les yeux : ce lit n’est pas le sien. Autour d’elle, cinq autres femmes se réveillent. Une sixième ne se relèvera jamais. Avec horreur, elles réalisent qu’on les retient prisonnières dans cet appartement sans fenêtres. Les armoires sont pleines d’affaires qui viennent de chez elles. Deux trappes leur délivrent nourriture et boissons, ainsi que d’étranges cadeaux… À qui peuvent-elles se fier ? Elles savent qu’on les regarde. Le danger se fait plus présent. Car chacune le sent : il y a quelque chose en elles qui n’est pas normal… Quelque chose qui a changé.

Lauréat du concours du premier roman Auzou 2022

Mon avis

Au premier abord, Éléa ne semble pas avoir grand chose d’une héroïne. Effacée, facilement impressionnable, ce n’est pas le genre de personnage dont la simple présence dans les pages frappe le lecteur par son charisme sans faille. Mais on est dans sa tête, alors on s’identifie aisément à elle. On s’attache, même. Et on en tire d’autant plus de plaisir à voir son caractère évoluer au fil des expériences auxquelles elle est confrontée au cours de l’intrigue.

L’intrigue, justement : parlons-en ! L’autrice et sa maison d’édition ont pris un risque : le roman comporte deux parties vraiment très différentes. Je préfère le dire d’emblée, cela peut dérouter, voire ne pas plaire. Ou au contraire, susciter d’énormes coups de cœur. Bref, un choix à double tranchant.

Parce que si la première partie tient du huis-clos et du thriller psychologique, la seconde bascule dans… autre chose. Et je ne peux guère en dire davantage sans risquer de spoiler. Vous voilà prévenu·e·s, ce qui suit contient par conséquent des spoils. 👉 Personnellement, je qualifierais cette seconde partie de… course poursuite SF. Oui, SF. Ce à quoi on ne s’attend pas forcément pendant tout le début. Et oui, course poursuite. Un peu particulière, certes, mais c’est le terme qui me vient spontanément à l’esprit pour la décrire. En tout cas, l’action prend clairement le dessus sur le psychologique. Voilà, j’en ai déjà beaucoup dit. J’ai quand même pris soin de ne pas mettre l’étiquette SF sur cette chronique, pour ne pas gâcher la découverte aux personnes qui parviennent à résister à leur curiosité. 😉 👈

Ce que j’ai aimé

L’évolution du personnage d’Éléa. C’est ce que j’aime, dans les romans. Pas vous ? Voir comment un personnage évolue, comment les événements, les rencontres, les imprévus, vont le pousser dans ses retranchements ou, au contraire, lui permettre de se révéler. Comprendre ce qui se passe dans sa tête, ressentir ses doutes, ses peurs, ses fragilités, ses motivations, ce qui le freine, ce qui le pousse, ce qui l’ébranle, ce qui l’émeut, ce qui l’inquiète, ce qui le réjouit… Et au final, se rendre compte que, pas après pas, page après page, on a fait un bout de chemin avec lui. Et sourire parce qu’il sort grandi du voyage. Eh bien voilà, c’est ce qu’on trouve dans ce roman avec le personnage d’Éléa. Joli programme, non ? 😊

La plume de l’autrice, qui allie simplicité et fluidité : le texte sait se faire oublier au profit du récit, ce qui renforce l’immersion. Vraiment, j’apprécie !

Les petits indices. Ceux qui sont disséminés au fil des lignes, qui nous font tiquer, chercher à inventer des réponses : « Hmm… Étrange… Oh, si ça se trouve, c’est parce que… Ou alors, peut-être que… ? »Jusqu’à ce que chacun trouve sa place dans le grand tableau d’ensemble. Bref, l’autrice titille notre imagination, et je dois reconnaître que je suis tout à fait cliente de ce petit jeu !

Ce que j’ai moins apprécié

J’ai fermé le roman avec une petite frustration concernant quelques personnages, que j’aurais aimé avoir le temps d’apprendre à mieux connaître. Je le mets au pluriel, parce que cela pourrait être le cas de plusieurs d’entre eux, mais en réalité, je pense surtout à Mira. Parce que j’ai adoré Mira. Pas de chance, son rôle dans l’histoire a voulu qu’elle s’efface au profit d’autres personnages. C’est ainsi, et je le comprends… mais voilà, dommage pour moi !

La seconde partie. Non pas que je ne l’ai pas appréciée intrinsèquement, mais je préfère la première, qui se concentre davantage sur l’évolution psychologique d’Éléa, ainsi que sur ses relations avec ses compagnes d’infortune. Il est ici uniquement question de goût personnel. Et il faut souligner que, dans ce qu’elle cherche à accomplir, cette seconde partie est terriblement efficace. Je n’en dirai pas davantage. 😇

Quelques extraits

Pour vous mettre dans l’ambiance :

Je suis enfermée dans cette pièce avec un cadavre. Ainsi qu’une psychopathe, hystérique et violente. Que m’est-il arrivé ? Qu’ai-je fait pour mériter ça ?

Rectification : je suis enfermée dans cette pièce avec un cadavre, une psychopathe hystérique et violente, et une folle à lier.

Et celle-ci, parce que j’aime bien Mira : 😊

Mira a fait danser son archet sur son violon pendant plus d’une heure. Je l’ai observée un long moment, fascinée : elle me semblait transfigurée. Belle dans son abandon total à la musique, elle affichait une sérénité que je ne lui avais jamais vue jusqu’alors. Comme si son instrument avait le pouvoir de la transporter ailleurs, loin d’ici, loin de ce lieu sinistre.
Je crois qu’avec son violon, Mira a parlé plus que n’importe laquelle d’entre nous.

Au bilan

Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un premier roman. On dit souvent que les suivants sont encore meilleurs… Eh bien, dans ce cas, je vous garantis que j’attends avec impatience de voir ce qui va sortir à l’avenir de la plume en or d’Emma Seguès ! J’espère que vous me pardonnerez ce petit clin d’œil à l’une des récompenses offertes par Auzou à la lauréate de son concours, à savoir, un stylo avec plume en or ! 😆

Au final, une bien chouette lecture. Mais attention : si vous vous laissez tenter, prévoyez du temps devant vous, parce que vous n’aurez sûrement pas envie de lâcher le roman avant de l’avoir terminé !

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Vous pouvez découvrir ici l’interview d’Emma Seguès, à laquelle elle a répondu début décembre 2023.

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