Interview de l’autrice Emma Seguès

De Bordeaux au Japon, du rock à la macarena, ce qui est sûr, c’est que dans cette interview, Emma Seguès va vous faire déménager !

photo de l'autrice Emma Seguès

Emma Seguès est l’autrice de La cage, un roman young-adult, lauréat du Concours du Premier Roman Auzou en 2022, mais aussi Prix (du métro) Goncourt des collégiens en 2023, et sélectionné pour le Prix des Halliennales 2023 : un sacré palmarès pour un premier roman, félicitations à elle !

— Bonjour Emma. D’abord, un grand merci à toi d’avoir accepté de répondre à mes questions, et d’inaugurer les interviews sur ce blog. Peux-tu te présenter, pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?
— Bonjour ! Merci à toi de m’avoir proposé cette interview ! Je suis Emma Seguès, autrice d’un premier roman publié en 2022 aux éditions AUZOU et qui s’appelle La Cage. Parallèlement à cette activité, je suis fonctionnaire et vis près de Bordeaux avec ma famille. Quand je n’écris pas ou ne lis pas, j’écoute du rock, regarde des ribambelles de séries et joue le plus souvent possible à tout ce qui me tombe sous la main – jeux de société, escape game, jeux vidéos.

— Est-ce que tu as toujours voulu devenir autrice ? Qu’est-ce qui t’a amenée à l’écriture ?
— J’ai toujours aimé raconter des histoires. Gamine, avant de savoir lire, je saoulais – pardon, je divertissais – mon entourage avec des récits que j’inventais. Je leur demandais s’ils préféraient une histoire triste ou rigolote et après, on ne m’arrêtait plus !
Quand j’ai découvert la lecture ensuite, ça a été une vraie révélation : j’étais une petite fille qui s’ennuyait beaucoup et les livres m’ont sauvée de l’ennui.
C’est donc assez naturellement qu’adolescente, puis jeune adulte, je me suis tournée vers l’écriture de nouvelles d’abord, puis de textes plus longs.
Ensuite, d’autres priorités m’ont conduite à mettre l’écriture de côté pendant près de 15 ans. Je m’y suis remise à l’approche de la quarantaine et, quatre ans plus tard, mon premier roman était publié.

— Peux-tu nous décrire ta façon de travailler ? Est-ce que tu as des rituels, un environnement fétiche… ? À quoi ressemble ton bureau ?
— Je n’ai pas de rituel précis, ni de routine bien définie. J’écris dans « les interstices », c’est-à-dire dès que j’ai un peu de temps. J’essaye à chaque fois de me fixer des objectifs de nombre de mots à écrire, type 500 mots minimum par exemple. Quand j’écris, mon canapé est mon bureau et le thé, mon meilleur ami.

— Est-ce qu’il y a des livres, des auteurs ou autrices qui t’ont profondément marquée ? Au point peut-être d’influencer ta propre écriture ?
— Je lis beaucoup, donc je pense, qu’inconsciemment, je suis influencée par tous les auteurs et autrices que j’ai pu lire. En général, dès que je tombe sur un livre qui me plaît, ça me donne envie d’écrire dans le genre de celui-ci et c’est ainsi que je peux me retrouver à écrire du thriller, du feel-good, comme du jeunesse ou du roman initiatique.
Pour ce roman précisément, je pense que j’ai plus été influencée par ce que je regarde (les séries, dont je suis fan) que ce que je lis, sans pour autant pouvoir citer une série en particulier.
Après, je lis beaucoup – aussi bien du young-adult, du jeunesse que de l’adulte – et je ne saurais pas citer un livre qui m’a profondément marquée au point d’influencer mon écriture, mais parmi les derniers que j’ai beaucoup aimés, il y a notamment tous les Emilie Chazerand, « Là où chantent les écrevisses » de Délia Owens, « This is not a love letter » d’Anouk Filippini, « Daisy Jones and the six » de Taylor Jenkins Reid, « Il est juste que les forts soient frappés » de Thibault Bérard, tous les Marie Vareille aussi que j’aime beaucoup et tant d’autres. En fait, j’ai des goûts pas mal éclectiques !

— Parlons un peu de ton premier né, maintenant ! Comment résumerais-tu La cage, en quelques phrases, pour donner envie de découvrir ton roman à celles et ceux qui ne l’ont pas encore lu ? (Je sais que les auteurs et autrices adorent se prêter à cet exercice ! 😉)
— Si c’est pour intriguer de potentiels lecteurs ou lectrices, je leur poserais une question : Et vous, comment réagiriez-vous si, après vous être endormi dans votre lit, vous vous réveilliez dans un lieu clos totalement inconnu en compagnie de parfaites étrangères ?

— La cage est ton premier roman publié. Est-ce que tu peux nous raconter sa genèse ?
— Alors c’est un peu particulier comme « genèse » si je puis dire, mais ce roman fait suite à un cauchemar que j’ai fait, dans lequel je me retrouvais dans la même situation que mon héroïne : j’avais conscience de m’être endormie chez moi et je me réveillais dans un lieu inconnu dont j’étais prisonnière. Bien sûr, l’histoire est différente de celle que j’ai écrite (notamment, ça se terminait avec l’apparition d’une énorme boule de feu qui cramait tout sur son passage – y compris moi !) mais nous n’étions que des filles enfermées et surtout je ressentais ce sentiment étrange de ne pas comprendre ce qui m’arrive, d’être complètement déboussolée.
Au réveil, la sensation laissée par ce rêve ne m’a pas quittée, j’y ai pensé pendant des jours, et je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse une histoire. J’ai donc réfléchi aux différentes théories qui pourraient expliquer une pareille situation, j’ai tiré des fils, les ai tissés et l’histoire est née ainsi.

— Comment s’est déroulée l’écriture de ce roman ? Est-ce que tu as des souvenirs marquants ou des anecdotes amusantes à nous partager ?
— Je n’ai pas d’anecdote particulière si ce n’est ce cauchemar qui en est à l’origine. L’écriture s’est déroulée de manière classique, comme je le fais toujours : je commence par faire un plan plus ou moins détaillé (disons que je liste les principales péripéties, mais me laisse carte blanche pour la construction des personnages et de leurs relations), j’écris un premier jet ensuite (en 5 mois pour ce roman), puis vient le temps des nombreuses relectures et réécritures.

— Tu as remporté le Concours du Premier Roman Auzou au printemps 2022 et La cage est sorti en septembre de la même année. J’imagine que ce processus éditorial express n’a pas été de tout repos ! Tu peux nous en dire plus sur la manière dont tu l’as vécu ?
— Effectivement, ça n’a pas été de tout repos, c’est le mot ! Une publication en septembre signifiait que le bon à tirer (le texte prêt à être imprimé) devait être finalisé pour fin juin, début juillet au plus tard. Mes éditrices et moi-même ne disposions donc que de trois mois pour effectuer les corrections éditoriales. La période a donc été très intense, d’autant que tout ça était complètement nouveau pour moi. Fort heureusement, j’ai été très bien accompagnée par AUZOU, même si j’avoue avoir bien stressé quand-même. Disons que je n’étais pas vraiment sereine et pas sûre du tout d’y arriver !

— La cage débute comme un pur thriller contemporain, puis une bascule se produit et un genre très différent (je ne précise pas lequel, pour ne pas spoiler !) fait irruption dans le récit et vient enrichir le côté thriller : je trouve qu’il s’agit d’un choix audacieux. Comment a-t-il influencé (ou non) ton expérience éditoriale, et quel regard portes-tu dessus, a posteriori ?
— En toute honnêteté, quand j’ai écrit ce texte, je n’ai pas du tout réfléchi en termes d’audace ou de risques que je prenais. Je voulais avant tout écrire une histoire divertissante et mettre dedans tout ce que j’aime : des fausses pistes, des rebondissements, des surprises, du suspense. Surtout, je voulais que la clef de toute cette histoire soit inattendue et insoupçonnable. Mon but était avant tout de surprendre les potentiels lecteurs et lectrices, et je crois que la surprise est souvent au rendez-vous (bonne ou mauvaise, à chacun de se faire une idée ! ;)).

— Est-ce que tu as un (ou plusieurs) personnage(s) chouchou(s) ? Et pourquoi ce(s) personnage(s)-là ?
— C’est difficile pour moi de répondre à cette question et d’en choisir un, car je suis très empathique avec mes personnages et j’apprécie toujours quelque chose dans chacun d’entre eux. A l’écriture du premier jet, j’étais surtout accaparée par celle qui présente le caractère le plus éloigné du mien, Kim. C’est un personnage qui est en colère en permanence. Une rage profonde lui dévore le ventre et elle est plutôt vulgaire dans ses propos et violente dans ses actes. C’était donc à la fois passionnant d’incarner un tel personnage si différent de moi, mais aussi éprouvant car lorsque j’écris, je suis vraiment dans la tête de mes personnages : je réfléchis et fonctionne comme eux et, c’est sans doute étrange, mais je ressens comme eux.
À la première relecture, curieusement, j’étais plus dans la tête de mon personnage principal, Eléa. Elle est complètement différente de Kim, mais, elle aussi, a ses failles, surtout dans les débuts du roman où elle est très renfermée. Elle a même un petit côté… peut-être pas dépressif, je n’irais pas jusque-là, mais, enfin, ce n’est pas la joie incarnée ! Elle a aussi de sérieux penchants auto-destructeurs. Du coup, elle n’était pas forcément plus reposante que Kim !
Mais voilà, ce sont les deux personnages dont j’ai été les plus proches.

— Quelles thématiques qui te tiennent personnellement à cœur abordes-tu dans La cage, et pour quelles raisons ?
— Comme je l’ai dit, en écrivant ce texte, j’ai surtout cherché à distraire.
Après, j’avais quand même à cœur de choisir un personnage principal avec des failles, je ne voulais pas une super-héroïne parfaite, mais plutôt un personnage qui ait des réactions réalistes face à la situation dans laquelle il est plongé. Eléa se trouve donc totalement désemparée et perdue au début du roman. Elle a un caractère très craintif et manque beaucoup de confiance en elle : face à une Kim très violente qui la harcèle, elle se laisse complètement écraser, et je pense qu’on a tous connu à un moment de notre vie une personne comme cela (quand on ne l’a pas été soi-même ;) )
Je voulais montrer qu’il est possible de dépasser cette faiblesse initiale, de prendre conscience de sa propre valeur et d’accomplir de belles choses. Que rien n’est jamais figé et que la confiance en soi, ça se travaille et s’épanouit en fonction des expériences de la vie.
Je voulais aussi mettre en avant l’amitié et la solidarité entre filles. Au départ, je me suis posé la question de choisir un groupe mixte et très vite, j’ai su que je n’avais pas envie d’explorer ce type de relations, je craignais un peu que ça se termine en “Loft Story” !
Le choix d’un groupe de filles s’est donc imposé assez naturellement, car je voulais explorer les relations qui pouvaient naître entre elles dans un tel contexte anxiogène de huis clos : on y trouve donc des relations fortes, de belles amitiés, de la solidarité, mais aussi, bien évidemment, des conflits.

— Ta réponse est « J’espère. » Peux-tu me donner la question ? Pas forcément en lien avec l’écriture.
— Feras-tu un voyage au Japon l’année prochaine ?

— Même principe, pour la réponse « Surtout pas. »
— Danserais-tu la Macarena à poil dans la neige ?

— J’ai gardé la question qui fâche pour la fin : et maintenant ? Quels sont tes projets d’écriture et à quel stade se trouvent-ils ? Est-ce que tu as le droit et l’envie de nous en toucher quelques mots ?
— Rassure-toi, elle ne me fâche pas du tout, même si je ne suis pas sûre de pouvoir beaucoup en dire à ce sujet. Je suis en train de travailler sur un projet avec un accompagnement éditorial de la part des éditions AUZOU. Si tout se passe bien, il devrait voir le jour en 2024. Mais pour le moment, je préfère ne pas trop en dévoiler.

— Pour conclure, est-ce qu’il y a un dernier élément que tu souhaites aborder ?
— Non :)

— Encore merci à toi d’avoir accepté de me répondre et d’inaugurer cette rubrique sur le blog !
— Un grand merci à toi de m’avoir proposé cette sympathique interview !


Vous pouvez retrouver ici ma chronique de La cage

couverture de *La cage*


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