Chronique du roman de Maëlle Desard : À un cheveu

Un roman young-adult à l’humour décapant, qui aborde plusieurs thématiques sérieuses, parmi lesquelles l’alopécie féminine, le harcèlement scolaire, le cyberharcèlement, ou encore les relations toxiques.

Le roman

Genre : young-adult

Éditions Slalom
Disponible en versions brochée et numérique

Résumé

Un grand bain d’humour et d’empowerment

À 17 ans, Emma aime la natation, son frère presque jumeau, le chocolat et dessiner dans les marges de ses cahiers. Elle serait à un cheveu de la belle vie si elle n’avait pas perdu les siens, de cheveux, deux ans plus tôt (tandis que le reste de ses poils a continué à pousser, merci bien !) Affublée d’une perruque avec laquelle elle entretient une relation d’amour-haine quasi mystique, Emma décide de profiter du déménagement de sa famille pour repartir de zéro. Nouvelle vie, nouveaux amis… et peut-être un premier amour !

Un roman lumineux sur l’acceptation de soi et de son corps, résolument féministe et universel !

couverture du roman À un cheveu

Mon avis

Ce sont le titre et la thématique principale (l’alopécie féminine) de ce roman young-adult qui m’ont donné envie de le lire. Car oui, je l’avoue humblement, avant de le refermer, je ne savais strictement rien de cette maladie…

Il s’agit ici d’un roman own voice, puisque l’autrice elle-même ne se cache pas de souffrir d’alopécie, et a expliqué avoir longtemps entretenu une relation d’amour-haine avec sa perruque avant d’oser s’afficher sans elle.

Le roman suit Emma, une adolescente qui menait une vie ordinaire avant que son alopécie (la perte de ses cheveux) ne l’expose au harcèlement scolaire. C’est pour lui offrir un nouveau départ que sa famille déménage à plusieurs centaines de kilomètres, et c’est pour redevenir « normale » aux yeux des autres qu’Emma décide de cacher sa maladie et de porter désormais une perruque, même si cela nécessite de sacrifier sa grande passion : le sport, et en particulier, la natation. Sauf qu’évidemment, entre les accidents, les potentielles indiscrétions, ou encore le dilemme, au cours d’une relation amoureuse naissante, de devoir choisir entre mentir à l’élu de son cœur ou se confier à lui au risque de se voir repoussée, les choses ne sont pas si simples…

J’ai apprécié dans ce roman la diversité des thématiques abordées : l’alopécie féminine, bien sûr, mais aussi l’acceptation de soi, le harcèlement scolaire, la solidarité familiale, l’amitié, le premier amour, les relations toxiques (à travers le personnage de Charlotte), le cyberharcèlement (à travers le personnage d’Anis), les parents négligents (Anis encore)… Toutes ces thématiques s’intègrent à l’intrigue et à l’histoire d’Emma de manière naturelle, sans aucune lourdeur ni recours à des procédés artificiels. Je n’ai jamais eu l’impression de lire un roman « prétexte », comme cela peut parfois être le cas.

Autre élément qui m’a beaucoup plu : la très belle relation qui unit Emma et son frère Christophe. La tendresse d’Emma pour son frère transparaît à travers le regard qu’elle porte sur lui (le roman est intégralement écrit à travers le point de vue d’Emma). Quant à l’attachement de Christophe pour sa sœur, ses actes et la manière dont il la protège en témoignent à merveille.

Mais ce qui a fait pour moi de ce roman un véritable coup de cœur, c’est sa verve : la plume de Maëlle Desard est vive, drôle, tendre, mordante, et Emma prend vie sous nos yeux, fragile et forte à la fois, acerbe, fougueuse, touchante, imprévisible… et terriblement attachante.

Quelques extraits

On m’a toujours dit que j’étais le sosie de mon père.
Le fait que je sois chauve et que nos calvities ressemblent aux deux joufflus d’une même paire de fesses doit sans doute beaucoup à cet effet miroir qui perturbe autant nos proches.
Rien de plus banal, pourriez-vous me dire, qu’une calvitie héréditaire. Un look comme un autre : il suffit de regarder les têtes d’affiche des films triple dose de testostérone, qui arborent la coupe de nouveau-né et remportent toujours la bataille, explosant au passage les préjugés sur la relation virilité / longueur des poils.
Ouais.
Sauf que je m’appelle Emma, que je n’ai conséquemment pas de souci de virilité, et que j’aurais adoré ressembler à mon père sur n’importe quel aspect de son physique, sauf son implantation capillaire.

— Qu’est-ce que t’en sais, que je me rasais les jambes ?
— Dix minutes à se faire les aisselles ? Faut consulter.
Sportif, motard et bon en maths. Mais alors, une vraie quiche pour lire les signaux. C’est pourtant clair, que je n’ai pas envie de plaisanter, non ? Je décide de couper court.
— Bon. Christophe en a facile pour quinze minutes encore, le caca du jeudi, c’est toute une affaire. Alors je vais te laisser tranquille. La nulle en maths que je suis va aller bosser son projet d’arts plastiques.
— Oh, sympa. Tu bosses sur quoi ?
— Je me suis taillé la Joconde sur le pubis. Me reste plus qu’à prendre les photos. Tu permets ?

Au bilan

Coup de cœur pour ce roman young-adult aux personnages attachants et à l’humour mordant. À mettre sans hésitation entre les mains de tous les ados… ou celles des adultes qui ont un peu oublié de grandir ! 😉



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