Chronique de la BD d’Aimée de Jongh : Jours de sable
Véritable coup de cœur pour cette BD, magnifique à tous points de vue.
La BD
Genre : historique
Éditions Dargaud
Disponible en versions reliée et numérique
Résumé
Etats-Unis, 1937. John Clark, un photoreporter de 22 ans, est engagé par la Farm Security Administration, un organisme gouvernemental chargé d’aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Sa mission : témoigner, grâce à la puissance d’évocation de la photographie, de la situation dramatique des agriculteurs du Dust Bowl. Située à cheval sur l’Oklahoma, le Kansas et le Texas, cette région est frappée par la sécheresse et par des tempêtes de sable spectaculaires qui plongent les habitants dans la misère, poussant bon nombre d’entre eux à migrer vers la Californie.
Mais au fil du temps, John comprend que, pour accomplir sa tâche, il devra surmonter un obstacle bien plus grand qu’un climat hostile…
Mon avis
Par où commencer ?
Cette BD a été un véritable coup de cœur, à tous points de vue.
Visuellement, les planches sont superbes. Le soin apporté au choix des couleurs est palpable, par exemple. Je vous mets deux extraits ci-dessous : les tons ocres restituent à merveille l’ambiance oppressante, suffocante, du Dust Bowl, et contrastent avec les teintes mauves qui évoquent le crépuscule et s’accordent avec la mélancolie ressentie par le personnage. La mise en page n’est pas en reste, avec des cases qui viennent parfois manger une page ou une double page complète, et accentuent l’impression d’impuissance humaine face à la démesure des tempêtes de poussière qui dévastent la région.
L’autrice (qui a tout réalisé : scénario, dessin et couleurs, je trouve ça assez fou !) s’est longuement documentée et plongée dans les archives d’époque, et ça se ressent dans les décors et dans les personnages nés sous son crayon. Des photographies sont en outre intégrées en tête de chaque chapitre et viennent renforcer l’effet d’immersion dans le cadre historique du récit.
Le livre se termine d’ailleurs par quelques paragraphes, accompagnés eux aussi de photos d’archives, qui viennent expliquer davantage ce qu’était le Dust Bowl, la Farm Security Administration et son programme photographique. Il est impressionnant de constater à quel point des pratiques agricoles inadaptées ont pu aboutir à la dévastation d’une immense région (anciennement verdoyante) pendant de longues années, provoquant une catastrophe écologique qui a causé misère et famine, et a contraint des millions de personnes à l’exode. (Cela m’a donné envie de relire Les raisins de la colère, de Steinbeck, qui se déroule dans ce même contexte, dont je ne connaissais rien lorsque j’ai lu le roman, il y a une bonne trentaine d’années. Je suis sûre que je le verrais d’un autre œil !)
Le scénario n’a rien à envier à l’image. Au fil des pages, on découvre l’évolution de John Clark, ses interrogations sur le rôle de la photographie, ce qu’elle peut montrer et ce qui est voué à rester « hors cadre », par choix… ou non. Avec lui, on se prend d’affection pour les personnes qu’il rencontre, pour leurs destins, façonnés par le lieu dans lequel ils vivent et sa rudesse. L’histoire est écrite avec pudeur et sensibilité, les personnages sont émouvants et justes… Impossible de retenir mes larmes sur la fin, tant ils m’ont touchée.
Quelques extraits
Au bilan
Lisez Jours de sable. Vous n’en sortirez sûrement pas indemnes, mais à mon avis, vous ne le regretterez pas.
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