Chronique du roman de Lucie Castel : Toutes les vies d’Alice

Un roman bien exécuté, mais qui n’a pas su me convaincre à 100%.

Le roman

Genre : contemporain (woman’s fiction)

Éditions Charleston
Disponible en versions brochée et numérique

Résumé

Un drame familial inoubliable

« Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. » Telle est la devise de Sarah, qui s’est efforcée de construire sa vie en accord avec ce principe simple, à force de Post-it et de to-do lists. Mais dans ce mécanisme en apparence bien huilé se cache un grain de sable qui pourrait tout faire basculer…

Le jour où elle apprend que sa soeur est hospitalisée dans un état catatonique, à peine quelques jours après lui avoir laissé un message énigmatique, Sarah se rend immédiatement à son chevet. En retrouvant Aigues-Mortes, la ville de leur enfance, qu’elle a fuie vingt ans auparavant, c’est comme si tout son passé refaisait surface. Les terreurs nocturnes qui l’assaillent et les ombres qui l’obsèdent sont plus présentes que jamais… mais c’est peut-être enfin l’occasion de les affronter pour trouver sa place à elle.

couverture du roman Toutes les vies d'Alice

Mon avis

Je suis un peu gênée pour écrire mon avis, parce que je n’ai pas particulièrement accroché à ce roman, alors qu’objectivement, je ne vois pas grand chose à lui reprocher.

La plume est fluide, malgré une petite tendance aux ruptures syntaxiques dont le nombre au fil des pages laisse supposer qu’elles relèvent davantage de la maladresse que de l’anacoluthe volontaire (un exemple : « Bien qu’assise en tailleur et tassée sur elle-même, la tête de Charline touchait le plafond. » ➡️ une tête peut difficilement être assise 😬).

Les personnages sont bien travaillés, y compris les personnages très secondaires (difficile de ne pas se prendre d’affection pour Carolina ou de ne pas sourire aux chamailleries entre Catherine et Odette). À l’exception notable d’Alex, qui m’a semblé totalement insipide, alors qu’il est décrit au contraire à plusieurs reprises comme très charismatique. Mais puisqu’on le voit toujours à travers les yeux de Sarah, il est fort possible que ce soit un parti pris visant à le rendre désagréable – ce qui a d’ailleurs très bien fonctionné sur moi.

L’intrigue, très simple, pourrait être résumée en une courte phrase, mais l’ensemble est mené, suggéré, puis dévoilé, avec suffisamment d’habileté pour que les presque 400 pages se lisent sans sensation d’ennui.

Les thèmes abordés sont forts : infertilité, secrets de famille, santé mentale, addictions, deuil, quête d’identité…

Bref, le roman avait a priori tout pour me plaire, et pourtant, l’alchimie n’a pas réussi à prendre. J’ai eu l’impression qu’il me manquait quelque chose. Un petit supplément d’âme, un petit grain de folie, une petite aspérité ? Je ne sais pas très bien quoi, au juste, mais quelque chose qui m’aurait permis de ne pas avoir l’impression de lire un roman presque si bien maîtrisé et calibré qu’il a fini par me sembler un peu trop lisse.

Quelques extraits

Les cloches de l’église s’étaient tues. Aigues-Mortes ne portait jamais aussi bien son nom que les jours d’enterrement.

— Détendez-vous, conseilla le docteur, avec une pointe d’agacement.
Elle devait se concentrer et ne pas le décevoir. D’un mouvement rapide et automatique, il fit faire à la sonde intravaginale une rotation à cent quatre-vingts degrés qui acheva de distendre Sarah et ses organes internes. Le médecin émit un grognement guttural. Elle avait appris à déchiffrer le langage non verbal de ces spécialistes mieux que leur jargon imbuvable. Un grognement signifiait que ce qu’il voyait à l’écran n’était pas fameux, deux annonçaient que c’était la merde. Le second retentit.
— Bon, jugea-t-il, ce n’est pas brillant.
La couche de poussière que la lumière du ciel lyonnais pollué mettait en relief accapara l’attention de Sarah.
— Vous prenez bien votre traitement ?
Elle ne comptait plus le nombre de fois où on lui avait posé cette question, comme si l’échec des protocoles avait forcément à voir avec l’incompétence de la patiente. Elle opina de la tête.

— Sarah, avoir des gosses quand on les désire, c’est génial, mais ça ne doit pas te coûter la vie. Accoucher, c’est que la première étape, et crois-moi, c’est le plus facile, après faut puiser la force de les élever. Tu es au bout du rouleau, désolée de te le dire, ça saute aux yeux. D’ailleurs, avec tout ce que tu as subi en dix ans de traitements, c’est un miracle que tu n’aies pas craqué avant.

— C’est bien que tu sois venue, tenta-t-elle de rassurer, je suis certaine que ça va l’aider.
— J’en doute, puisqu’elle ignore que je suis là.
— Tu sais, mon métier est loin d’être une science exacte. Et quand ce qu’on fait fonctionne, nous sommes souvent les premiers surpris.
Détendre l’atmosphère n’était peut-être pas la meilleure des solutions.
— Merci, ça me rassure beaucoup.
— Je t’en prie, dit Noémie avec un sourire. Écoute, parle-lui comme si elle était là, parce qu’elle est là. C’est juste qu’elle se cache derrière les rideaux de sa conscience.
— Très joli effort de métaphore.
— On n’a jamais assez de figures de style pour affronter le monde, n’est-ce pas ?

Au bilan

Une lecture plutôt agréable, mais à laquelle j’ai trouvé qu’il manquait la petite étincelle qui lui aurait donné une âme et l’aurait rendue spéciale à mes yeux.



👉 Retrouvez mes autres chroniques de livres et séries.

👉 Découvrez les interviews d’auteurs ou autrices.

👉 Vous lisez beaucoup et disposez d’un budget limité ? Retrouvez toutes mes astuces pour lire gratuitement ou à petits prix en toute légalité : le bookcrossing, le désherbage, ou encore les partenariats, n’auront plus de secrets pour vous ! 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas visible. Les champs obligatoires sont marqués *

Chargement...