Chronique du roman d’Alice Nevoso : Sur le chemin de nos rêves

Un feel-good dynamique porté par une plume fluide, mais dont les personnages ne sont pas parvenus à me convaincre totalement.

(Service Presse)

Le roman

Genre : feel-good

Autoédition
Disponible en versions brochée et numérique

Résumé

Lola, 30 ans, est professeur de danse street-jazz. La vie s’effondre pour elle le jour où, victime d’un grave accident, elle se met à boiter et ne peut plus assurer ses cours de danse. En mode régression, elle passe sa vie sur son canapé, à manger des tartines de fromage fondu et de ketchup et à jouer aux jeux vidéo. C’est sans compter l’apparition de Camille, 40 ans, prof de latin-grec, éprise de culture classique, et un peu psychorigide sur les bords. Camille est morte il y a deux jours, et ne peut se résoudre à disparaître sans transmettre encore un peu ses valeurs et son mode de vie à ses trois enfants.
Camille va alors proposer un pacte un peu étonnant à Lola. Dans cette nouvelle configuration, Lola va devoir s’adapter au mari de Camille, un original fan d’insectes et adepte de lessive faite maison. Mais elle va aussi faire la connaissance de Giulia, une extravagante quinquagénaire qui vient d’être larguée, d’Alexis, un beau brun intello aux yeux clairs, mais aussi d’un hérisson presque moribond, et d’Inès, une jeune danseuse urbaine au talent fou…
Lola va-t-elle réussir à faire taire ses pulsions d’autodestruction, et à comprendre qu’elle a encore des choses à donner au monde ?
Ce roman parle de démons intérieurs et de reconstruction, de danses urbaines, de sororité, d’essoreuse à salade, de philosophie stoïcienne et d’amour évidemment !

couverture du roman Sur le chemin de nos rêves

Mon avis

Je remercie Alice Nevoso de m’avoir proposé de découvrir son roman.

Je suis désolée de terminer ma lecture avec un avis mitigé. La plume est fluide et le roman comporte plein de bonnes choses : le pitch nous promet des situations cocasses entre une galerie de personnages que tout oppose, et cela ne manque pas. Il nous annonce une histoire de reconstruction, et c’en est bien une. En théorie, ce feel-good avait tout pour me plaire. Or, si je n’ai certes pas passé un mauvais moment, je n’ai cependant pas accroché autant que je l’aurais souhaité.

Pourquoi ? Question difficile… Et question de goût, surtout. Mon avis n’a rien d’universel : il vaut pour moi, et ne prétend à rien de plus.

Les personnages, d’abord. J’aurais aimé apprendre à les connaître davantage que juste par le petit détail qui les caractérise. La plupart m’ont semblé manquer un peu de profondeur. Camille ne se définit guère que par sa psychorigidité, Lola par sa passion de la danse et son auto-apitoiement suite à son accident, Raphaël par son côté lunaire, Inès par son talent et sa fan-attitude… Ce qui les rend tous assez prévisibles. J’aurais apprécié davantage de complexité dans leur construction et leurs comportements. A contrario, Giulia, par exemple, m’a beaucoup plu : elle est excentrique, mais pas que. Les autres auraient je pense mérité un traitement semblable. Ce petit plus qui aurait rendu leurs actes un peu plus inattendus. Un peu plus humains, en somme.

Le rythme, ensuite. Quelques passages m’ont semblé un peu verbeux, avec certains dialogues, notamment, qui auraient peut-être gagné à être taillés davantage. La conclusion, à l’inverse, aurait pu être plus développée : l’apparition puis la disparition de la “brune canon” se succèdent à mon avis de manière quelque peu précipitée.

Une sensation de déséquilibre dans les interventions de Camille, enfin. On comprend qu’elle s’efface petit à petit, et pourquoi pas. Ça justifie sa disparition progressive de la vie de Lola (même si j’ai trouvé cette dernière un peu insensible à ce sujet). Mais sa présence dans les scènes de la première partie du roman m’a paru parfois répondre surtout à des besoins scénaristiques, là où je me serais attendue à ce qu’elle entre en résonance avec la psychologie du personnage. En gros, j’aurais volontiers imaginé Camille harceler Lola dès que celle-ci est au travail, pour prendre part autant que possible à l’éducation de ses enfants via nounou interposée. Or, dans les faits, elle est surtout là quand Lola est seule. Alors, certes, elle ne choisit visiblement pas ses moments de présence ou d’absence – et l’explication tient la route, puisqu’en domaine de fantastique, l’autrice est libre d’édicter les règles qu’elle veut. Mais enfin, elle ne paraît même pas frustrée de n’être jamais là au bon moment, pour pouvoir guider Lola en direct… J’ai trouvé ça un peu étrange.

Malgré ces réserves, je retiens tout de même de ma lecture plusieurs scènes drôles qui m’ont fait sourire, et surtout, un message positif, qui est que le chemin de la reconstruction passe souvent par l’ouverture aux autres : pour pouvoir s’aider soi-même, il faut parfois accepter de commencer par aider autrui.

Quelques extraits

D’une voix blanche, je lui dis que malheureusement c’est impossible. Que j’ai tiré un trait définitif sur mon passé.
Son visage affiche un air triste. Ses grands yeux marron pailletés de vert me regardent une dernière fois, comme s’ils voulaient lire en moi. Puis elle fait demi-tour et s’en va. Sa queue de cheval danse dans le soleil qui se couche. Elle se retourne et me fait un signe de la main avant de se fondre dans la nuit.

— Oui ! Et la dernière fois, au téléphone, il m’a dit qu’il aimait les femmes sobres vestimentairement parlant.
Je manque de recracher ma tisane.
— Sobres ?
— Oui. Parfaitement. Sobres.
Je respire un grand coup pour éviter de me mettre à rire.
— Mais Giulia, la dernière fois que tu l’as vu, tu étais habillée comment ?
Elle réfléchit quelques nano-secondes.
— Avec ma robe-zèbre et mes chaussures rouges à bout pointu.

— Chère Lola, est-ce que vous connaissez le secret pour avoir une santé de fer et un taux de cholestérol magnifiquement bas ?
Ouh là, oui ! Il a vraiment l’haleine chargée !
— Euh non…
[…]
Ouh là, je vais défaillir. Barnabé, éloigne-toi de moi ! Tu sens la mort !
— Le secret, ajoute-t-il d’un ton triomphant, c’est de manger une gousse d’ail à chaque repas. Crue, évidemment.

Au bilan

Un feel-good qui n’était malheureusement pas vraiment pour moi, mais dont les qualités pourront certainement convaincre d’autres lecteurs et lectrices.



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