Chronique du recueil de Frédérick Maurès : La tartine beurrée au sucre
Un recueil de souvenirs plein de nostalgie, qui fait la part belle à la tendresse.
(Service Presse)
Le recueil
Genre : souvenirs d’enfance
Autoédition
Disponible en versions brochée et numérique
Résumé
Douces ou sucrées, amères ou rances, parfois empoisonnées, nos « madeleines » ont un goût qui se rappelle régulièrement à nous. Il suffit d’un rien, une insignifiance du quotidien ou une vague perception de nos sens, pour que, sans prévenir, elles reviennent peupler notre mémoire, prendre de nouveau vie dans notre actualité et nous rappeler, même partiellement, pourquoi nous sommes devenus ce que nous sommes. Elles peuvent faire sourire ou faire resurgir de mauvais souvenirs, elles ont toutes en commun d’avoir contribué à nous façonner.
À travers une succession de récits et de souvenirs d’enfance, l’auteur nous entraîne dans la douce nostalgie d’un temps qui n’est plus, mais qui lui demeure immanent. Cette Tartine beurrée au sucre et autres petits Bonheurs de l’Enfance, au goût tantôt acidulé, tantôt suave, se déguste par petits bouts, avec gourmandise, pour nous plonger dans un univers de tendresse qui ressemble étrangement au bonheur.
Mon avis
Je remercie Frédérick Maurès de m’avoir proposé de découvrir son recueil.
Ce n’est pas le genre de livres vers lesquels j’ai tendance à me tourner spontanément, préférant en général la fiction, mais les premières pages de celui-ci m’ont suffisamment happée pour me donner envie de le découvrir dans son intégralité, et j’en suis ravie.
Le recueil se compose de courts récits et souvenirs d’enfance. Chacun d’entre eux est introduit par une scène du présent, dont l’un des éléments entre en résonance avec le souvenir qu’il évoque à l’auteur.
Certains de ces textes m’ont davantage touchée que d’autres, mais il se dégage de l’ensemble une douce nostalgie qui m’a replongée dans ma propre enfance. Même si l’époque n’était pas la même, il faut croire que certaines expériences que l’on vit lors de ces années innocentes portent en elles une part d’universel.
Les pages sont empreintes de la tendresse qu’éprouve le narrateur envers ses grands-parents, et il est difficile de ne pas s’attacher également à eux. À cette grand-mère d’un autre temps, toute dévouée à sa cuisine et à la tenue de sa maison (difficile tout de même de ne pas juger sa situation d’un œil un minimum critique et de ne pas éprouver de soulagement à l’idée que, heureusement, les mœurs évoluent vers un plus juste partage des tâches !), pleine de bienveillance toute en retenue à l’égard de ceux qui l’entourent. À ce grand-père faussement sévère, mais en réalité aussi patient qu’indulgent, et à sa passion insoupçonnée pour la reliure. À cette autre grand-mère commerçante, et à la philosophie pragmatique dont elle fait preuve quand son petit-fils ruine une partie de son stock.
J’ai souri à de nombreuses reprises. Le comportement du grand-père lors de l’orage et les prouesses de l’oncle au scrabble m’ont même arraché des rires. J’ai été émue, souvent. Lors du terrible tiercé gagnant, notamment. Et je suis sortie de ma lecture heureuse d’avoir vécu ces moments en compagnie d’un passé qui a su réveiller un peu le mien.
Quelques extraits
— Qu’as-tu donc à sangloter ainsi ?
Ma grand-mère se tenait debout à mes côtés. Je ne l’avais pas entendue arriver. Ses magnifiques cheveux, aussi blancs que la robe du chevalier des croisades, toujours impeccablement coiffés, apportèrent un peu de clarté à la grisaille de mes pensées. Son visage naturellement doux et rondelet aux pommettes rubicondes générait apaisement et consolation.
Ce n’est qu’au bout d’une petite trentaine de minutes que nous parvenions, au détour d’un chemin, à la petite ferme simple et rustique où vivait un couple de paysans âgés, aux visages marqués par la rudesse des travaux agricoles. Les brûlures du soleil avaient crevassé leur peau qui tirait sur le brun foncé. De nombreuses ridules cerclaient leurs yeux noirs jusque sous leurs épais sourcils broussailleux. Ils étaient tous deux accueillants, chaleureux et inspiraient spontanément la sympathie, avec toujours un petit mot gentil à mon égard.
— Et si vous la posiez dans la cheminée ? On ne fera pas de feu cet été…
Dans mon idée, placer l’antenne dans l’âtre aurait pour effet de la mettre directement en contact avec l’air du ciel, à l’extrémité du conduit… Rontex, cherchant visiblement à me faire plaisir parce que j’étais un enfant, s’empara de l’antenne comme on brandit le bois d’un cervidé en guise de trophée de chasse et la posa délicatement devant les quelques bûches à moitié brûlées qui gisaient encore, témoignages d’un printemps plutôt frisquet. Et là, ô miracle, l’écran du poste afficha une image parfaitement définie, d’un piqué parfait. La luminosité était éclatante et le contraste donnait à la mire toutes les nuances de gris, de blancs et de noirs que l’œil pouvait détailler. Je ne compris pas pourquoi les adultes furent si surpris du résultat alors que ma solution m’apparaissait comme une évidence. Rontex se lissa furtivement la moustache et fila sans demander son reste, sans doute par peur que le réglage ne tienne pas, ce qui n’avait, selon moi, aucun risque de se produire.
Au bilan
Une courte lecture toute douce et nostalgique, parfaite à lire sous un plaid par temps de grisaille, pour se rappeler qu’un peu de sucre sur une tartine beurrée suffit parfois à raviver un bonheur oublié.
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