Avis sur L’Enfant-Plume de Mathilde Férey

Un thriller SF pour adolescents sur fond de dystopie xénophobe.

Le roman

Genre : thriller SF jeunesse

Éditions Anne Carrière
Disponible en versions brochée et numérique

Résumé
Et si le pouvoir de l’Enfant-Plume pouvait rivaliser avec les armes les plus meurtrières ? Dans un futur proche, la montée de la xénophobie a donné lieu à une vague de violences contre les citoyens d’origine immigrée. De nombreux enfants de victimes sont recueillis comme pupilles au foyer et groupe scolaire Émile Ibn Amira, lieu symbole de réconciliation et de fraternité. Un jour, un jeune garçon arrive à Amira sans preuve d’identité. Pierre est intégré au foyer mais, durant les premiers mois de l’année scolaire, plusieurs incidents font resurgir la question de ses origines : il semblerait qu’il possède un don exceptionnel et se cache de puissantes personnes qui le recherchent.
Lorsqu’un mystérieux groupe se faisant appeler « la Ligue » menace tout le pays, Pierre n’a plus le choix : il doit se confronter à son passé et faire appel à ses forces invisibles pour déjouer les plans de cette organisation. Car c’est entre ses mains que repose le sort de la nation.

couverture du roman L'Enfant-Plume

Mon avis

Le roman est découpé en cinq parties.

On commence par faire connaissance avec Pierre, jeune collégien en classe de sixième : on découvre son quotidien au foyer Amira et la manière dont il y noue des liens d’amitité.

Vient ensuite un long flashback dans lequel on en apprend davantage sur la particularité de Pierre 👉 et les raisons qui l’ont conduit à Amira 👉 .

Les trois dernières parties enchaînent les scènes d’action, sur fond d’intrigues politiques et d’actes terroristes. 👉

J’ai trouvé le contexte politique intéressant et plutôt subtil pour un roman que j’imagine destiné à un public adolescent âgé de 12 à 15 ans environ. De plus, à partir de la troisième partie incluse, il est à mon avis facile de se laisser emporter par les scènes d’action qui se succèdent à un bon rythme et sont écrites de manière efficace.

Je suis en revanche plus circonspecte sur les deux premières parties. J’ai trouvé l’écriture assez distante, l’autrice verse beaucoup plus dans l’analyse que dans l’émotion. C’est vrai tout au long du roman, mais cela m’a moins gênée pour les scènes d’action que dans ces deux parties, où je n’ai malheureusement pas vraiment réussi à m’attacher aux personnages. Même le long flashback, qui pourtant est raconté du point de vue de Pierre, et qui comporte de nombreuses scènes objectivement à très fort potentiel émotionnel, ne m’a pas vraiment pris les tripes. Je pense que j’aurais davantage apprécié ma lecture si l’émotion avait été plus prégnante dès le début et m’avait ainsi permis de ressentir une vraie empathie pour Pierre et ses camarades.

La structure et les choix de narration m’ont également laissée perplexe. Le flashback est quasi intégralement raconté au discours direct par Pierre, dans un presque monologue, qui occulte donc de nombreux éléments qui auraient pu renforcer l’effet d’immersion. Je me suis demandé si cela n’avait pas contribué également à l’effet de distanciation que j’ai ressenti. Ou pas, d’ailleurs : peut-être ce choix a-t-il été effectué au contraire pour créer une plus grande proximité entre Pierre, qui devient le narrateur, et le lecteur ou la lectrice, à qui il semble ainsi se confier directement ? Si c’est le cas, cela n’a malheureusement pas fonctionné pour moi.

Quelques extraits

La première chose qui me vient à l’esprit, quand je cherche mes souvenirs les plus anciens, c’est la peur. Celle qui te prend aux tripes, qui te gèle le cerveau, qui parfois te cloue sur place et d’autres fois te hurle de courir, peu importe où, mais courir, le plus vite possible. La peur, et puis l’instinct de vivre, qui te saisit de manière dingue et absurde, même si ta vie n’a apparemment rien de génial à t’offrir.

Elle avait toujours voulu gagner dignement sa vie. Elle pensait que ce n’est que comme ça qu’on peut être heureux. Le pain gagné honnêtement comble plus qu’un festin volé, disait-elle. Elle tenait à ce que je réussisse à l’école et que j’apprenne un métier honorable. Elle me parlait français même à la maison, pour que je parle bien la langue. Je ne l’entendais parler sa langue à elle qu’avec d’autres Roumis, comme nos voisins ou Sarrino.

« Vous êtes complètement malade ! C’est des enfants, ils ne vous ont rien fait !
— Pour l’instant, non ! Mais je préfère ne pas attendre après eux. Où crois-tu qu’ils iront, dès qu’ils sortiront d’Amira ? Qui se ressemble s’assemble ! Chacun rejoindra sa meute, et les louveteaux nourris par la Nation finiront par la bouffer, comme ça se serait passé avant si l’ARCHE n’avait pas fait un peu de nettoyage ! »
Plume n’en croyait pas ses oreilles. Il tourna la tête vers Guerrand et Sarah. Il ne parvenait pas à comprendre comment des esprits si brillants pouvaient concevoir et diffuser des idées si haineuses et si grossières.

Il se souvenait d’un conseil que lui avait donné son père, des années plus tôt.
« Quand une situation t’angoisse, demande-toi ce qui peut t’arriver de meilleur et ce qui peut t’arriver de pire. Et tu verras généralement que le mieux vaut largement le risque ! »

Au bilan

Un contexte intéressant, mais une écriture trop analytique à mon goût : j’aurais préféré davantage d’émotion.



👉 Retrouvez mes autres avis sur des livres ou séries.

👉 Découvrez les interviews d’auteurs ou autrices.

👉 Vous lisez beaucoup et disposez d’un budget limité ? Retrouvez toutes mes astuces pour lire gratuitement ou à petits prix en toute légalité : le bookcrossing, le désherbage, ou encore les partenariats, n’auront plus de secrets pour vous ! 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas visible. Les champs obligatoires sont marqués *

Chargement...