Je hais le marketing

J’aurais pu aussi intituler cet article « J’arrête tout », ou encore… « Comment et pourquoi ma newsletter va bientôt évoluer ».

Petit flashback

Franchir le pas de dévoiler les histoires que l’on écrit n’est pas facile. On a un peu l’impression de se montrer à poil à la face du monde. Du moins, personnellement, c’est la manière dont je le ressens.

Pourtant, une fois cette étape franchie, étonnamment, on a envie de plus : à croire qu’on devient exhibitionniste ! 😅

C’est comme lorsque l’on se lance à jouer d’un instrument de musique en public : quand on a réussi à rassembler le courage de monter sur scène, on préfère se produire devant une salle pleine plutôt que se retrouver devant des rangées entières de sièges vides, avec juste une ou deux places occupées par des potes venus là pour nous faire plaisir.

C’est la raison pour laquelle, lorsque j’ai commencé à dévoiler mes textes en 2021, j’ai commencé aussi à m’intéresser à la manière de les faire connaître.

Attention, gros mots : oui, je parle bien de marketing et de communication !

Deux choses qui me sont foncièrement désagréables : c’est pas moi, j’aime pas ça, c’est tout, c’est comme ça…

Mais voilà : si on veut être lu, j’ai bien compris qu’il faut en passer par là.

Donc je me suis documentée : j’ai parcouru des tas de conseils sur le sujet, observé ce que faisaient les autres auteurs et autrices pour essayer de comprendre ce qui fonctionne ou non, et me suis demandé ce que, moi-même, j’acceptais ou non de faire, et ce que j’étais en mesure ou non de faire.

Par exemple, payer de la publicité, pour moi, c’est un gros non : j’ai un bloqueur de publicité installé sur mon navigateur internet et je grince des dents dès que je tombe sur un post sponsorisé sur les réseaux sociaux, alors je ne vais pas m’amuser à aller polluer l’expérience de navigation d’autrui !

En revanche, avoir mon propre site web, essayer d’être présente sur les réseaux sociaux, et écrire une newsletter, ça me semblait à la fois faisable, et acceptable du point de vue de mon éthique personnelle. Après tout, si ce que je publie sur mon site n’intéresse personne, personne ne viendra s’y promener. Je n’oblige personne non plus à me suivre sur les réseaux sociaux. Et ma newsletter ne sera envoyée qu’aux personnes qui auront choisi de s’y abonner. Bref, je n’utilise pas la contrainte. Charge à moi de trouver des choses intéressantes à dire pour donner envie aux autres de consacrer un peu de leur temps et de leur attention à ce que je raconte.

Sauf que…

Tout ce que j’ai dit jusqu’ici reste vrai.

Oui, mais. Je me suis rendu compte d’un truc.

Il y a autre chose que les publicités et les posts sponsorisés, que je déteste, sur internet.

Et vous savez ce que c’est ?

C’est quand on m’appâte pour essayer de me soutirer mon adresse mail.

Je suis sûre que ça vous parle aussi. Vous scrollez tranquillement sur votre réseau social préféré, vous tombez sur un post intéressant. Par exemple (totalement fictif), un tutoriel pour vous accompagner à la guitare quand vous chantez « joyeux anniversaire ». Vous essayez, ça marche, vous épatez vos proches. Et là, le même compte vous propose de télécharger un livret gratuit qui va vous apprendre à vous accompagner sur 15 chansons célèbres, qui vous permettront de briller à diverses occasions, ou tout simplement de passer des moments agréables avec les gens que vous appréciez. Bref, ce livret, vous le voulez. En plus, il est gratuit, alors pourquoi se priver ?

Donc vous cliquez sur le lien.

Et là… on vous demande votre adresse mail.

Aussitôt, dans votre tête, ça clignote en rouge. Alerte ! Alerte ! Alerte ! (En tout cas, c’est ce qui se passe dans la mienne.)

Alors, bien sûr, on vous explique que pour recevoir le livret, vous allez certes devoir donner votre adresse mail et que cela va automatiquement vous inscrire à une newsletter (ou mailing list, ou autre équivalent : peu importe le terme employé, vous voyez le principe), mais que vous pourrez vous désinscrire quand vous le voudrez en un simple clic.

Vous faites quoi, vous ?

Moi, 99 % du temps, je passe mon chemin. Pire : je râle. Tant pis pour le livret qui me faisait pourtant tellement envie.

C’est une recette marketing connue : ça s’appelle un « aimant à clients ».

C’est le premier conseil qu’on trouve quand on se renseigne sur la manière de mettre en place une newsletter : il faut commencer par proposer un aimant à clients. Cela va attirer des abonnées et abonnés, à qui on pourra ensuite vendre ce qu’on veut. Parce que les gens sont bêtes, hein. Trop bêtes pour deviner que c’est un piège et qu’on ne s’intéresse qu’à leur pognon ! 🤡 (spoiler : non)

Donc j’arrête !

Est-ce que je l’ai fait ? Oui.

Pourquoi je l’ai fait ? Parce que quand j’ai lancé ma newsletter, je n’avais rien à vendre. Donc je ne voyais pas où était le mal de proposer du contenu exclusif aux personnes qui choisissaient de s’abonner.

Est-ce que j’en ai honte ? Maintenant, oui.

Pourquoi ça a changé, et pourquoi j’ai décidé d’arrêter ? Parce que dans ma newsletter, je parle de mon actualité d’autrice. Or, cette année (2023), j’ai eu plusieurs publications dans des anthologies. J’en suis ravie, bien sûr ! 🥰 Mais la plupart de ces publications sont payantes. J’ai donc l’impression de chercher à vendre des livres à des gens qui m’avaient confié leur adresse mail, à la base, pour pouvoir lire des textes que je leur offrais gratuitement. Et ça, ça ne me plaît pas. J’ai l’impression de les trahir.

Alors voilà, j’ai pris ma décision. Stop. J’arrête. Il n’y aura pas ici d’aimant à lectrices ou lecteurs. Si vous appréciez ce que je fais, si vous avez envie de me soutenir en tant qu’autrice, vous pouvez choisir de vous abonner à ma newsletter. Mais c’est votre choix. Vous le ferez librement. Et je ne vous promets rien en échange, si ce n’est de vous envoyer un mail par mois, qui nous permettra de garder le contact, et ce, même si un milliardaire mégalomane rachète notre réseau social favori et le rend infréquentable.

Pire : en toute transparence (mais bon, vous n’êtes pas bêtes, vous vous en doutez !), je vous préviens même dès aujourd’hui que, quand j’aurai des publications, j’en parlerai dans cette newsletter. Oui, même si elles sont payantes. Parce que chacune de mes publications me rend heureuse, et que j’ai envie de partager ma joie avec vous. Et parce qu’écrire, c’est un travail qui, comme tout travail, mérite rémunération. Et là encore, vous aurez le choix d’avoir ou non envie de les lire, d’avoir ou non envie de les acheter.

Et tant pis si, du point de vue des pros du marketing et de la communication, cette décision a autant de sens que de se tirer une balle dans le pied. Au moins, je serai en paix avec moi-même : c’est le plus important.

Concrètement, qu’est-ce qui va changer ?

En pratique, ce qui va changer (quand j’aurai le temps de m’en occuper) :

• ma newsletter va continuer à exister : j’adore l’écrire, y confier mes doutes, mes joies, y raconter les coulisses de ma vie d’autrice… 😊 ; et comme je viens de l’écrire juste au-dessus, c’est aussi un moyen de garder le contact, une fois par mois, avec les personnes qui ne fréquentent pas les réseaux sociaux (notamment instagram, qui est celui où je suis la plus active) ;
• plusieurs des textes qui étaient disponibles en exclusivité pour les abonné·e·s à ma newsletter seront mis en ligne progressivement dans la partie textes gratuits de ce site ; les autres disparaîtront (soit de manière temporaire, pour ceux que je souhaite améliorer avant de les rendre à nouveau disponibles, soit de manière permanente, pour ceux que j’espère réussir à publier ou faire publier) ;
• les archives des précédentes newsletters seront mises en ligne sur une partie du site qui leur sera dédiée.

Voilà, vous savez tout. N’hésitez pas à réagir en commentaire, et à me dire ce que vous pensez de ma décision. Je dois reconnaître que je ne cracherais pas sur de petits mots d’encouragement ! 😅

Et si vous pensez que c’est stupide de ma part, vous avez le droit de me le dire aussi, et de m’exposer vos arguments ! Du moment que vous le faites avec respect, vous êtes évidemment libres d’exprimer votre opinion, y compris si elle diverge de la mienne. 😊

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