L’épître(ries) - Janvier 2024
Si vous étiez déjà là en 2022 et 2023, vous savez que j’ai parfois (souvent) du mal avec les vœux de début d’année. J’essaie de ne pas trop en parler dans cette newsletter ou sur mes réseaux, parce qu’on n’est pas là pour se faire du mal, mais chaque année, les nouvelles du monde font que j’ai de plus en plus de difficultés à croire à un avenir radieux…
Quoi qu’il en soit, puisse 2024 vous préserver et vous apporter de nombreux moments de joie et de bonheur, à vous et vos proches.
Et je m’empresse donc d’ouvrir cette première newsletter de l’année et de tenter d’y insuffler un peu de bonne humeur.
L’anecdote du mois
Mon plaisir coupable : les antinouvelles
Je me confesse. J’adore écrire des antinouvelles.
Mais qu’est-ce donc qu’une antinouvelle ?
J’ai découvert ce concept un peu flou sur le forum d’écriture que je fréquente. Il s’agit d’un texte court, assurément. D’un texte qu’on n’oserait pas soumettre à un éditeur, c’est certain. Ensuite, les définitions varient d’une personne à l’autre. L’antinouvelle est pour les uns un texte un peu honteux, pour les autres un texte parodique, un « nanar ». En résumé, un texte certes mauvais, mais qui s’assume comme tel… J’espère que vous arrivez à cerner à peu près l’idée.
Voilà, je disais donc que j’adore écrire des antinouvelles.
Et j’en ai commis une en décembre dernier. Je me suis beaucoup amusée à y fourrer tout un tas de choses qu’on recommande d’éviter en écriture : des points d’exclamation à outrance, une phrase absolument interminable, une scène d’une banalité affligeante, des contresens, des réflexions au ras des pâquerettes, des personnages horriblement caricaturaux, de mauvaises rimes et des allitérations en pagaille, des surnoms plus débiles les uns que les autres…
Et comme je ne doute pas que cette liste vous aura donné envie de découvrir ce chef d’œuvre, dont le principal mérite est sans doute sa brièveté (et puis il paraît quand même que c’est un peu drôle, aussi, tellement c’est nul), eh bien je vous l’offre : vous pouvez le lire par ici.
Mon journal de bord
Soumissions en cours pour Cercueil et préjugés
Ça y est, j’ai effectué avant mi-décembre mes premières soumissions pour Cercueil et préjugés.
Pour le moment, je réserve la priorité à Fyctia, puisqu’ils étaient demandeurs de cette nouvelle version, donc le roman n’est pas encore parti vers d’autres maisons d’édition. (J’ai quand même tenté ma chance en parallèle auprès d’agents littéraires, mais sans y croire…)
Je n’ai pas eu d’accusé de réception de Fyctia, alors je vais sûrement les relancer courant de semaine prochaine pour savoir si mon mail est bien arrivé, et tâter le terrain si possible (j’aimerais bien par exemple avoir une idée du délai nécessaire pour l’étudier).
Et puis je ferai sans doute quelques autres envois vers une première liste d’autres maisons d’édition deuxième quinzaine de janvier.
Ah, et je l’ai envoyé aux Murmures Littéraires, aussi. Leurs fiches de lecture sont précieuses, alors si je ne trouve pas d’éditeur, je suis preneuse de pistes d’amélioration !
Et maintenant ?
Après quelques légères modifications, ma nouvelle sur le thème « Les feux de la révolte » est partie en soumission pour l’appel à textes du Lufthunger Club, comme prévu. Je ne sais pas ce que ça va donner pour mon texte, mais j’apprécie en tout cas beaucoup la communication qui est faite par les organisateurs. On reçoit des petits mails fort sympathiques pour nous tenir au courant de ce qui se passe en coulisses, je trouve que ça aide à faire patienter sereinement dans l’attente des résultats.
Je n’ai pas du tout écrit pendant la période des fêtes. J’ai repris tout doucement cette semaine, en m’attelant à la réécriture de ma nouvelle steampunk, que j’espère pouvoir soumettre aux éditions 1115 d’ici à fin février.
J’ai hâte aussi de pouvoir reprendre l’écriture de mon thriller, qui croupit dans son coin depuis trop longtemps. Problème : je crains de me laisser séduire par l’appel à textes de Quais du Polar sur la thématique « Vingt ans après ». Je vous dirai sûrement le mois prochain si j’ai craqué ou non. 😅
L’actu de mes publications… et salons !
Enfants des neiges s’offre une version papier ! 🥰
Comme je suis décidément la reine du marketing et de la communication, et que j’ai bien appris qu’une sortie livresque ne s’improvise pas et doit se préparer longtemps à l’avance si on veut éviter le flop, j’ai décidé sur un coup de tête il y a quelques jours d’offrir une version papier à ma nouvelle Enfants des neiges. 🤡
Voilà, comme ça, vous le savez.
Elle sortira le 16 janvier, et je me permettrai sûrement de vous envoyer un petit mail exceptionnel ce jour-là pour vous le rappeler.
Je me suis cassé le derrière à mitonner une mise en page aux petits oignons, alors je me lance des fleurs : je suis plutôt satisfaite du résultat ! 💐😁
Ma nouvelle Ceux qui rapportent… et ceux qui coûtent doit paraître courant janvier
Je crois que je ne vous en avais même pas parlé, parce que je l’ai écrite et soumise en moins d’une journée, de manière un peu cathartique. Cette nouvelle, c’est un texte que j’ai envoyé à l’ARACT Occitanie, qui publie chaque année un recueil sur la thématique du travail. Le prochain doit paraître courant janvier, et j’ai appris fin décembre que ma nouvelle avait été sélectionnée pour figurer au sommaire.
Si j’ai bien compris, il devrait y avoir une version papier, et la version numérique est généralement disponible en téléchargement gratuit tous les ans. Je vous enverrai le lien dans une prochaine newsletter.
Ma nouvelle Dragonirie sera publiée en avril
Celle-là, je pense vous en avoir parlé. Il s’agit de la nouvelle de science-fantasy que j’ai écrite pour l’appel à textes de L’Imagin’arium sur le thème « Explorations insolites ». J’ai reçu début décembre un mail qui m’informait de sa sélection. 🥰
J’en suis ravie, d’autant plus que Fred, l’anthologiste, est vraiment très sympa, alors ça me fait plaisir d’avoir l’occasion de travailler à nouveau avec lui.
Et si mon état de santé me le permet, j’essaierai sûrement de participer au salon Imagina’livres, fin avril, cette année encore. Je vous en reparlerai le moment venu.
Salon des auteurs villenavais le 3 février
Tous les deux ans, la médiathèque à côté de chez moi organise un salon pour permettre aux auteurs et autrices de la commune de se faire connaître localement.
J’ai longuement hésité, et j’ai fini par prendre mon courage à deux mains : je les ai contactés… Et je serai donc le samedi 3 février entre 14h30 et 18h au salon des auteurs villenavais (oui, ça se prononce comme un nom de vilain légume) à la médiathèque d’Ornon, à Villenave d’Ornon, à côté de Bordeaux. Alors si vous êtes dans le coin et que vous avez envie de venir me faire coucou, n’hésitez pas !
J’aurai évidemment des exemplaires papier tout frais d’Enfants des neiges à disposition ! 😉
Quoi de neuf sur le blog ?
Mon bilan d’écriture 2023
J’ai dressé mon bilan de l’année 2023. Côté écriture, je dois reconnaître qu’elle a été drôlement chouette. Et surtout, elle m’a permis de faire la connaissance de gens adorables, et ça, c’est super précieux. 🤍
Cinq nouvelles chroniques de lectures
Vous trouverez aussi sur le blog les chroniques de mes quatre dernières lectures de 2023 (que de très chouettes livres, que je vous recommande chaudement), et de ma première lecture de 2024. Voici les liens :
- Chronique du thriller SF young-adult Se perdre à l’orée des songes (Tess Corsac) : un roman qui mêle avec talent enquête policière et questionnements sur le poids du passé dans la construction de soi.
- Chronique de la BD Jours de sable (Aimée de Jongh) : véritable coup de cœur pour cette BD historique, magnifique à tous points de vue.
- Chronique du thriller SF young-adult Les Nocturnes (Tess Corsac) : un page-turner au pitch intriguant, mené tambour battant, et qui pose des questions intéressantes sur le rôle des souvenirs et l’identité.
- Chronique du roman noir Les brouillards noirs (Patrice Gain) : sombre et lumineux, un roman noir qui m’a bousculée et émue.
- Chronique du recueil de souvenirs La tartine beurrée au sucre (Frédérick Maurès) : un recueil de souvenirs doux et nostalgique, plein de tendresse.
Le petit bonus de début d’année : mon antinouvelle, Rénovation surprise
Marinette n’en pouvait plus, de cette déco ! Ah non, vraiment ! Plus du tout !
C’était peut-être à la mode du temps de ses grands-parents – et encore ! Mais de nos jours, enfin ! Qui aurait choisi de tapisser sa cuisine avec du papier peint à grands carreaux orange sur fond marron, hein ? Qui ? On se le demande ! En tout cas, elle, elle se le demandait !
Et puis, elle rentrait tout juste d’une semaine entre filles chez une amie, dans le nouvel appartement de cette dernière ! Un loft ultra moderne, aux murs clairs et aux meubles laqués ! Avec vue sur la mer, ce qui ne gâchait rien ! Alors forcément, que ça lui avait donné des envies !
Bref, cette cuisine était devenue si insupportable, aussi bien pour ses yeux hypersensibles que pour son sens inné durement acquis de l’esthétique, qu’elle avait presque l’impression de s’entendre penser avec des points d’exclamation tout du long, un peu comme si sa douleur avait atteint un tel paroxysme qu’elle était désormais incapable de se manifester d’un ton apaisé et préférait hurler sans cesse, jusqu’à ce que ça finisse par lui vriller les tympans, mais de l’intérieur, et Dieu sait que ça fait mal un tympan vrillé, encore plus de l’intérieur, et pas que Dieu d’ailleurs, Allah, Bouddha, Athéna, Krishna, Canada, Yamaha et tout le tralala aussi, ils le savaient sûrement, mal au point que ça mériterait peut-être même des lettres capitales, mais ça, elle n’en était pas encore tout à fait sûre, Marinette, et dans le doute, mieux valait s’abstenir, tout le monde sait ça, parce que l’abstentionnisme, c’est aussi une forme de militantisme, ça revient à dire qu’on refuse de choisir entre la peste et le choléra, et dans ces cas-là, vaut mieux pas choisir du tout, parce que c’est des saloperies de maladies, heureusement que la médecine et l’hygiène ont fait des progrès, sinon où irait le monde, elle se le demandait, Marinette, et d’ailleurs, le progrès, ça comptait aussi en déco, et donc, la cuisine, elle était PUTAIN DE MOCHE, et là, finalement, elle venait de se décider à trancher que, ouais, ça valait bien des lettres capitales !
Alors, ce soir-là, de retour chez elle, en même temps que la porte, Marinette poussa un grand soupir. Las, le soupir. Très las, même. Genre, vraiment, c’était l’enfer sur terre, vous voyez ? Un peu comme ça :
— Aaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrgh…
Peut-être même avec un chouilla plus de « a ». Attendez, pause. Je vérifie :
— Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrgh…
Ah oui, c’est pas mal. On se rapproche, on se rapproche. Donc, je reprends :
— Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrgh…
Un râle guttural, qui lui remontait des tripes et puisait un surcroît de désespoir au fond de sa gorge – guttural, quoi.
— Qu’est-ce qui t’inquiète, Marinette, ma lapinette au piment d’espelette ? s’étonna son chéri en l’accueillant.
— Il m’arrive que je peux plus la saquer, la cuisine de pépé et mémé ! J’ai fait des cauchemars pendant tout le trajet rien qu’à l’idée de devoir y remettre les pieds ! Je veux déménager !
— Mais Marinette, ma belette aux cacahuètes, pourquoi tu rouspètes ? Elle est pourtant très chouette.
À ces mots, le sang lui monta à la tête, à notre Marinette. Ni une, ni deux, et même pas trois, elle s’avança, mieux encore, elle se propulsa d’un pas martial dans la cuisine maritale, avant d’écarter les bras d’un geste théâtral :
— Enfin, regarde bien ! Je n’aime rien.
Le dernier mot s’étrangla dans sa luette. Ou sa glotte. À moins que ce ne soit son larynx. Ou son pharynx. Ou peut-être son œsophage ? Elle n’aurait pas su dire exactement, vu que Marinette, elle était quand même plus douée en déco qu’en anatomie. Bref, on s’en fout un peu. En tout cas, vous voyez l’idée, et surtout l’endroit : là, dans le fond, derrière la bouche, quelque part à l’intérieur du cou.
Et pour cause. En son absence, la cuisine de la maison qu’elle avait héritée de pépé et mémé avait subi une spectaculaire transformation !
— Rénovation surprise, Marinette, ma starlette d’opérette ! s’exclama d’un ton triomphant son dulciné – c’est comme une dulcinée, mais au masculin, donc on enlève le « e », et du coup ça fait un néologisme, j’espère que les gens vont pas crier au scandale que je saccage la langue française et que de toute façon, le féminin fait neutre et qu’il y a pas besoin d’inventer quoi que ce soit, pardon pour la digression. J’ai profité de ton absence pour donner un bon coup de balai à toutes ces vieilleries. Exit le papier peint psychédélique et les meubles en formica. Alors, il te plaît, mon cadeau trop beau, Marinette, ma mimolette qui fait pouët ?
— Oh, Hector, mon trésor que j’adore, quel décor ! Je n’aurais pu rêver mieux, je me sens devenir princesse en ces lieux !
— Tu es la reinette parmi les poètes, Marinette, ma galette à la tartiflette !
Et, tandis que Marinette continuait à s’extasier sur le lustre des poignées de placards chromées, sur l’élégance de l’éclairage à LED du plan de travail imitation marbre, sur le coloris lumineux de la peinture murale, Hector tira une chaise, s’assit, et tapa des deux poings sur la table.
— Bon, c’est pas tout ça, mais t’as vu l’heure ? Qu’est-ce qu’on mange ? C’est que j’ai faim, moi. Et pi une semaine à bouffer des bolino, je commençais à en avoir marre, il était temps que tu rentres. Tu me préparerais pas ton fameux gratin d’aubergines à l’ancienne, avec une petite tatin de pêches en dessert, hmm ?
— Ah, allez, adjugé ! T’as tellement bossé, tu l’as bien mérité. Laisse-moi juste le temps de repérer où t’as tout rangé, et de mettre la main sur le cahier des bonnes recettes de pépé.
Marinette ouvrit un tiroir : vide. Un autre : vide. Un placard : tout aussi vide. Derrière elle, Hector fronça les sourcils :
— Rangé, tu dis ? Ah mais j’ai rien rangé, moi. J’ai même rien gardé. J’ai tout jeté. Hop. Du balai.
FIN (non, il manque rien, c’était bien ça la chute)